jeudi 31 mai 2012

Strange Hands - Dead Flowers (shit music for shit people records, 2012)



Pour le commun des mortels résidant en France, la ville de Bordeaux à une image de bourgeoise conservatrice et endormie. Mais il semblerait que la belle se fasse prendre tous les soirs par une cohorte de jeunes irrévérencieux qui remuent ses viscères de sonorités garages et anarchiques. La colère juvénile, l'adolescence festive couve et se déchaîne par soubresauts successifs au gré des nouvelles formations garages rock qui se font et se défont, se mélangent et s’entremêlent avec une consanguinité créatrice. Aujourd'hui lorsque un groupe français pointe le bout de son nez, il a une chance sur trois d'être de Bordeaux : De JC Satan au Magnetix en passant par les Sunmakers.
C'est donc à un groupe bordelais "Strange Hands" que l'on doit le must du flower punk lofi popularisé par les Black Lips l'année dernière avec "Arabia Mountain". Trio formé en 2008 par Lucas, Melvyn & Victor qui optent pour un garage psyché emprunt de sonorités sixties avec un sens aigu de la mélodie pop. Des airs que l'on fredonne jusqu'à ce que mort s'ensuive. Le trio s’appuie principalement sur une guitare douze cordes, une batterie minimaliste et un orgue de temps en temps. Depuis leur premier simple sur le label néerlandais Fistfull of Records en 2011, les "Strange Hands" ont écumé les scènes européennes avant de retourner en studio pour préparer leur premier LP sur le label italo-portugais "Shit Music For Shit People" en co-production avec le nouveau label français "Azbin Records".
"Dead Flowers" est une sorte de grand shaker dans lequel le trio bordelais a incorporé des claviers sixties. "she's mine", "trapper and dodger" et dans une moindre mesure "summertime" puisent leur source dans la musique des "Sonics" et autres "Music Machine". Du garage sixties au psychédélique défendu par les compilations Nuggets et Pebbles à la fin des années 6o il n'y a qu'un pas que les "Strange Hands" franchissent avec brio. Dans la lignée de cette nouvelle scène scandinave menée par Lorenzo Woodrose et le label Bad Afro Records ("Setting Son", "Dolly Rocker Movement") ou l'amplitude des guitares au son clair, la réverbération poussée à max et les habillages efficaces (cymbales, nappes orgue planante,...) habitent les titres tels que "Dead Flowers", "Warm reflection" et l'excellent "Love illusion".


"Acid Vision" et "First Poem" sont pour moi les réussites de cet opus bon de bout en bout, car ils allient l'énergie punk, la légèreté insouciante et une dimension mélodique rare. Ne nous y trompons pas, les "Strange Hands" pour leur premier LP nous propose un album de son temps de haute volée, un véritable coup de force. L'artwork de Lucas Donaud s'inscrit dans la veine psychédélique en vogue actuellement (animalière et coloré). Véritable objet esthétique, "Dead Flowers" est sortie en coproduction sur le label italo-portugais "Shit Music For Shit People"et "Azbin Records" a seulement 400 copies et risque d'être sold-out rapidement.


conseil d'écoute : En soirée, pour danser.

Liens :
http://strangehands.bandcamp.com/
http://azbinrecords.bandcamp.com/
http://shitmusicforshitpeople.blogspot.fr/